La communauté chrétienne de la paroisse GASURA a organisé le 26 Juin 2022 la Journée de commémoration des défunts victimes de différentes crises qui ont endeuillé les burundais. En vue de préparer cette célébration, des enseignements ont été donnés et des séances d’écoute organisées en collaboration avec la CDJP Bujumbura.
Les festivités marquant cette journée ont débuté par une célébration eucharistique présidée par Monseigneur Anatole RUBERINYANGE, Vicaire Général de l’Archidiocèse de Bujumbura et concélébrée par plusieurs prêtres dont l’Abbé Charles KARORERO, Secrétaire Permanent de la CEJP et l’Abbé Anicet SHUMBUSHO, Secrétaire Exécutif de la CDJP Bujumbura.
Au cours de cette célébration eucharistique, les chrétiens ont prié pour les personnes tuées lors les différentes crises qui ont secoué le Burundi depuis les années 1960.
Dans son homélie, le Vicaire Général s’est appuyé sur les lectures du jour et a fait savoir que la célébration des mémoires est une occasion de demander pardon à Dieu pour les violences commises par les burundais qui ont été, selon lui, à l’origine des divisions observées. Par rapport aux divisions ethniques, il a fait savoir que les burundais ont une seule ethnie car ils partagent la même humanité. En effet, nous sommes tous frères et sœurs et appartenons tous à une seule ethnie, celle de la personne humaine. Partant, il a lancé un appel vibrant à toute la population de GASURA d’être de vrais artisans de paix car celui qui sème la haine dans la communauté est au service du diable qui cherche toujours à diviser la communauté.
Comme cette commémoration a été célébrée le jour où l’Eglise universelle célèbre la Solennité du Sacré Cœur de Jésus, le Vicaire Général a exhorté l’assemblée présente à avoir un cœur semblable à celui de Jésus, un cœur plein d’amour et de pardon. Du cœur transpercé de Jésus ont jailli l’eau et le sang qui ont engendré l’Eglise. Le Sacré Cœur est la source dans laquelle nous puisons beaucoup de grâces dont le pardon et l’amour. Il a interpelé tout croyant à avoir un cœur ouvert afin de bien accueillir tout le monde sans distinction aucune.
Sur la croix, Jésus nous a tout donné. En effet, la croix de Jésus est la manifestation éclatante de son amour envers les hommes jusqu’à même demander pardon pour ceux qui l’avaient crucifié. C’est là que nous comprenons le sens et la valeur du pardon. Nous avons tous besoin d’être pardonnés et de savoir demander pardon. Partant d’un exemple d’un cas qui s’est passé en Allemagne lors du génocide contre les Juifs, où une personne qui avait perdu toute sa famille, amis et proches avait refusé de pardonner, il a rappelé que, comme l’avait dit Monseigneur Desmond TUTU, sans pardon il n’y a pas d’avenir. Qui refuse de pardonner ne peut pas vivre libre et en paix. Selon le Vicaire Général, Jésus nous demande de pardonner car le pardon libère et guérit. Il a terminé en disant que c’est dans la prière que nous trouvons la force de pardonner car la prière détruit le mur de la haine. Après la célébration eucharistique, la commémoration a été marquée par les discours, des témoignages et quelques numéros.
Pour l’Abbé Pierre Claver NTAHONDEREYE, Curé de la paroisse GASURA, la Journée a été organisée dans le but de mettre en application les Actes du premier Synode diocésain. Il a remercié la Commission Diocésaine Justice et Paix de Bujumbura qui a contribué à sa préparation. Au total, on a prié pour 1025 personnes tuées sur toutes les collines de la zone GASURA pendant les crises répétitives qui ont endeuillé la population depuis 1965. Cependant, il reconnaît que ce chiffre n’est qu’indicatif. En effet, certains hésitent encore à prier pour les leurs tandis que d’autres familles ont été entièrement décimées et n’ont personne pour se souvenir d’elles. La Commémoration est une occasion de rendre hommage à toutes ces victimes innocentes des différentes crises. Certaines personnes ont été tuées du fait qu’elles avaient étudié, d’autres parce qu’elles étaient fonctionnaires de l’Etat ou victimes de leurs richesses. Pour certains, leur mort fut un véritable martyre. Le Curé a illustré cela à l’aide de trois témoignages: deux enfants et deux catéchistes. Chaque témoignage montre combien était atroce la mort subie et le courage des victimes. La commémoration fut aussi une occasion de rencontrer les anciens de GASURA qui, pour diverses raisons, ont quitté la zone. Par cette commémoration, nous éveillons dans les cœurs des gens l’esprit de se dire la vérité en vue de la réconciliation.
D’autres témoignages ont été donnés aussi bien par les natifs de la région que par les autorités administratives présentes. Cette initiative a été largement saluée. La population de GASURA doit tirer de cette Journée une leçon pour l’avenir et les jeunes générations savoir ce qui s’est passé dans le souci de lutter pour la non répétition. Tous les intervenants ont émis le souhait de voir la paix et la réconciliation devenir une réalité. Un appel ultime a été lancé aux familles des disparus d’organiser les cérémonies de levée de deuil.
Pour la CDJP Bujumbura, cette Journée est une preuve éloquente que chaque Paroisse est capable d’organiser la commémoration. Même si l’expérience est encore à ses débuts, le Vicariat de MURAMVYA porte la responsabilité de partager aux autres les fruits de cette expérience. Le Secrétaire Exécutif de la CDJP BUJUMBURA rappelle que le chemin à parcourir est encore long avant d’arriver au pardon et à une véritable réconciliation. Les jeunes générations doivent être protégées contre toute forme de violence et ainsi œuvrer pour une société où il fait bon vivre.
En vue d’agrémenter la Journée, des groupes porteurs et d’autres groupes d’animation ont présenté des numéros composés de danses traditionnelles et de sketches. Dans tous les numéros présentés, le message principal était axé sur le pardon et la réconciliation.
La Journée a aussi été marquée par le partage d’un ver dans une ambiance conviviale avant de recevoir la bénédiction finale des mains du Vicaire Général de l’Archidiocèse de Bujumbura.
Commission Épiscopale Justice et Paix
C.E.J.P BURUNDI
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